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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/65

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à mon bonheur. Il eſt donc vrai que je ſuis aimé de la divine Roſe-Tree : tous mes vœux ſont remplis. Il étoit toujours à mes genoux ; une de mes mains que je lui avois abandonnée, étoit couverte de baiſers & de larmes que le plaiſir faiſoit couler ; moi-même, dans un raviſſement que je n’avois jamais éprouvé, j’étois loin de lui ſavoir mauvais gré des preuves touchantes qu’il me donnoit de ſa tendreſſe. Un léger bruit rompit le charme. Andrew ſe leva avec précipitation, & fut voir ce qui l’occaſionnoit. — C’eſt mon Père, Miſs, qui vaque à ſes occupations. Afin d’éviter le plus petit ſoupçon, je vais à mon devoir. Il baiſa ma main, & s’éloigna, non ſans retourner pluſieurs fois la tête. Je ne ſongeai à quitter la place, que quand je le perdis de vue. C’eſt en ce moment que je ſentis l’énormité de la faute que je venois de commettre. Je ſuis rentrée dans ma chambre pour vous écrire ; daignerez-vous lire la Lettre de la malheureuſe Anna ? Daignerez-vous la plaindre ? Ô mon Amie ! qu’eſt devenu ce temps heureux où je ne déſirois que le plaiſir de cauſer avec vous en liberté. Depuis mon départ de Rocheſter, je n’ai fait que courir de faute en