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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/87

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je ne le blâmai pas. Je fis de ſi grands efforts que je parvins à reléguer ma douleur dans le fond de mon ame, afin que l’on ne ſoupçonnat pas que l’abſence de Browne dut m’affliger : quelques jours après je mis dans ma confidence Honnora, la Femme-de-Chambre de ma Mère, qui me ſervoit, ſans cependant lui nommer l’auteur de ma honte. Cette Fille, une des plus honnêtes de ſon eſpèce, me promit ſes ſecours & me jura la plus grande diſcrétion ; je me ſerrois ſi fort que l’on n’eut aucune idée de mon état. L’inſtant de ma délivrance arriva pendant la nuit. Honnora, qui depuis un mois couchoit dans ma chambre, me fut d’une grande reſſource. Je donnai le jour à une Fille que je voulus abſolument nourrir malgré les repréſentations d’Honnora. Pour éloigner de moi toute eſpèce de viſite, elle dit qu’elle croyoit que j’allois avoir la petite vérole. Comme je ne l’avois jamais eue, on n’en douta pas. Mylord & Mylady la craignoient beaucoup, ils furent tous les deux paſſer quelques jours chez un de nos voiſins, à ſix milles d’ici, & ils envoyèrent mon Frère à Londres. Je reſtai donc ſeule avec ma chère Fille, & je ne