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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/92

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prit la main que lui tendoit Mylord Green, & la baiſa avec un reſpect mêlé de nobleſſe que je n’ai vu qu’à lui. Tel eſt, ma chère Émilie, celui que mon cœur a ſu diſtinguer.

Je prends part bien ſincérement aux chagrins que vous cauſe l’inhumaine Mylady Ridge, & je hais de tout mon cœur ſa Fille favorite. Mais je vous avoue que Mylord Ridge eſt un être incroyable pour moi. Il eſt bon, dites-vous, & laiſſe faire le mal quand il pourroit l’empêcher. J’aimerois autant qu’il fut méchant, on n’auroit pas la peine de le plaindre. Ce que vous me dites de Lady Harris augmente la bonne opinion que l’on m’avoit donnée de ſes ſentimens, & ſon aimable Couſin me paroît bien digne de la tendreſſe que vous avez conçue pour lui. Je ſouhaite bien ardemment qu’on ne vous change pas de Penſion : Il faudroit donc renoncer à vous écrire. Juſte ciel ! Cette idée me cauſe des mouvemens de colère contre l’auteur de tant de déſordre. Ce monſtre de Spittle, c’eſt lui, oui, c’eſt ce miſérable qui fait couler les pleurs de ma charmante Amie.

Je profite de vos conſeils, Émilie, je fuis