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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/153

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la terreur en macédoine

Les sopadjis grognent des jurons et s’emballent, pris de la frénésie du meurtre. Les coups de bâton retentissent de tous côtés, mêlés aux clameurs des gens qui s’enfuient ou se barricadent.

La tuerie devient générale. Partout les cadavres s’amoncellent et jonchent les rues qui ressemblent à des charniers. On commence à envahir les maisons. Les portes sont enfoncées avec des poutres manœuvrées à bras, comme des béliers.

Les femmes s’attachent aux assassins, les griffent, les mordent, pendant que les enfants affolés hurlent les mains tendues :

« Aman !… Aman !… Tchélébi ! Pitié !… Pitié ! Seigneur. »

Mais la pitié est chose inconnue à ces monstres. Ils enjambent les cadavres, les crossent à coups de pied, pénètrent dans les demeures et vocifèrent :

« L’argent !… où est l’argent !… vite !… vite, donnez tout votre argent…

— Et nous aurons l’aman ?… implorent des voix plaintives, enrouées par la terreur…

— Oui !… oui !… aman pour qui rachète sa vie !… »

Les cachettes sont ouvertes. Les pièces d’or et d’argent mêlées aux bijoux apparaissent aux yeux éblouis des gredins.

Ils se ruent comme des fauves au carnage, emplissent leurs poches et se mettent à rire.

« Allons, à présent, du bâton !… du bâton !… à mort !… »

Hommes, femmes, enfants, vieillards sont assommés sur place, mutilés, broyés et lancés par les fenêtres… Les boutiques sont saccagées, les mar-