Aller au contenu

Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
la terreur en macédoine

« Êtes-vous blessés ?… Faut-il vous aider ?

— Non, merci… Grâce à Dieu, grâce à votre dévouement, nous sommes sains et saufs. »

Joannès, Michel et Panitza se laissent glisser sur les décombres. Les deux groupes se rejoignent. On échange une rude étreinte… quelques mots entrecoupés, empreints d’une gratitude infinie.

Cependant Soliman cherche des yeux son camarade. Devinant sa pensée, Joannès dit tristement :

« Le pauvre Mourad est mort !

— Oui… mort pour nous ! ajoute Nikéa les yeux pleins de larmes.

— C’était écrit ! répond Soliman un peu pâle.

« Et tes pleurs, ô femme ! sont pour sa mémoire la plus douce et la plus belle des récompenses. »

Nikéa reprend, affermissant sa voix et dominant son émotion :

« Frères ! nous ne laisserons pas ici la dépouille de cet ami qui fut si intrépide et si dévoué.

— Nous lui donnerons la sépulture, répond Athanase.

« Mais partons !… partons vite !… et emportons le cadavre de ce brave ! »

Le pauvre corps affreusement mutilé est enveloppé dans une couverture et confié aux plus robustes parmi les partisans. La troupe sort en toute hâte de Koumanova, sans que les massacreurs épouvantés aient osé tirer un coup de feu ni même pousser un cri.

« En avant ! » commanda le pope Athanase.

La route de l’Est se trouve devant eux. Ils s’y engagent et parcourent vivement un kilomètre.

Tout est calme sur la route encaissée de rochers et d’éboulis.