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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/252

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la terreur en macédoine

Ils laissent tomber leurs outils, baissent la tête, s’asseyent dans le boyau de sape, et sous la lueur vacillante des lampes gardent un silence farouche.

Cependant Joannès ne veut pas capituler devant ce mur de granit sur lequel semblent écrits en caractères de feu ces mots terribles :

« Tu n’iras pas plus loin ! »

Il a repris une nouvelle pioche et frappe la dure paroi. Les coups sont tantôt plus forts, tantôt plus faibles, tantôt plus ou moins rapprochés.

Il semble que le jeune homme étudie la résonance du bloc, comme si la sonorité ou la matité pouvaient lui en faire soupçonner l’épaisseur.

Il écoute avec une attention recueillie et murmure :

« Cette épaisseur n’est peut-être pas énorme.

« Il y a des vibrations réellement sonores… et cela semblerait indiquer que cette paroi de roc est assez mince… du moins relativement.

« Mais puis-je savoir à quelques mètres près !

— Et cela ne nous avancerait pas beaucoup, dit Michel qui assiste à cette opération que tous jugent inutile.

« Car nous n’avons pas d’instruments pour percer cette roche, maudite !…

« Il faudrait la dynamite…

— Et pourquoi pas ? réplique Joannès en relevant brusquement la tête.

« J’y songeais.

— Il nous reste en tout six bombes !… et il en faudrait au moins un cent pour obtenir un résultat.

— Non, pas cent… mais deux cents, et peut-être davantage…