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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/260

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la terreur en macédoine

Ce sont de simples marmites à couvercles de tôle. Elles sont au nombre de six. D’un vigoureux coup de pic, chaque couvercle est percé d’un trou. Dans le trou est passé à force le canon démonté d’un fusil. Ce sera le tube par où s’écouleront dans d’autres vases les produits de distillation : l’acide nitrique, si la vieille expérience de Raymond Lulle réussit. Pour assurer l’étanchéité de l’appareil, tous les points de contact sont lutés avec de l’argile, et les couvercles chargés avec des roches pesantes.

Sans plus tarder, Joannès fait déposer au fond de chaque marmite un mélange intime d’argile rouge et de salpêtre. Au-dessous du canon du fusil placé presque horizontalement, des vases pour recevoir l’acide.

Les patriotes, intrigués, regardent avec une ardente curiosité ces opérations qui leur semblent compliquées, incohérentes. Mais telle est la foi dans leur jeune chef, que nul ne récrimine. Bien plus, malgré la faim qui tenaille les estomacs et fait grogner les viscères, chacun est prêt à endurer, jusqu’au dernier moment, les plus cruelles tortures.

Les feux sont allumés, et Joannès, qui a l’esprit à tout et auquel n’échappe aucun détail, retourne au chaudron plein d’huile et d’oxyde de plomb.

L’opération semble avoir réussi. Toute l’huile combinée avec l’oxyde de plomb a disparu. Les acides qu’elle contient ont formé avec le plomb des produits insolubles et la glycérine surnage, mélangée à l’eau. En toute hâte, Joannès la décante, la met à part, la fait évaporer au bain-marie pour lui enlever l’excès d’eau, et ordonne de recommencer.

De ce côté, tout va bien. Et l’on peut raisonnable-