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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/323

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la terreur en macédoine

motive est près d’arriver sur les pétards, il presse vigoureusement le bouton d’ivoire qui va produire l’étincelle.

Une lueur aveuglante surgit… une détonation épouvantable retentit. Et presque aussitôt un vacarme inouï, provenant de chocs, de ruptures, d’éclats… puis des clameurs d’épouvante et de douleur, des hurlements de gens torturés…

Tout cela dans une seconde tragique, où le train, mortellement frappé en pleine marche, s’anéantit. La machine, en raison de sa vitesse, roule quelques mètres, s’enfonce dans la terre et se renverse, éventrée… Vapeur, charbon en feu, eau bouillante, tout cela jaillit, siffle, se confond en un pêle-mêle affreux, pendant que les wagons s’arrêtent, s’écrasent, se pénètrent et, suivant l’énergique et pittoresque expression américaine, se télescopent ! c’est-à-dire rentrent les uns dans les autres comme les fractions d’une lunette d’approche.

Il y a là vingt-cinq voitures pleines de soldats turcs ! Peut-être cinq ou six cents hommes mutilés affreusement. Mais les patriotes sont inaccessibles à la pitié. Le souvenir atroce de leurs maisons brûlées, de leur bétail enlevé, de leurs familles massacrées, de leur patrie torturée, tout cela les rend insensibles à l’horreur de cette catastrophe qu’ils ont d’ailleurs voulue, préparée, exécutée.

Ces soldats qui hurlent et se tordent au milieu des débris, ce sont les brigands, auteurs de toutes ces atrocités ! Ce sont, les exécuteurs des ordres sauvages de leur digne chef, Marko le Brigand. Et un cri de haine, de vengeance s’élève des rangs pressés des patriotes qui attendent l’ordre de Joannès.