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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/328

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la terreur en macédoine

Resté debout, par miracle, au milieu de ses soldats qu’il domine de toute la tête, Marko ne perd pas son sang-froid.

En une seconde il juge nettement la position et comprend tout. Le coup de dynamite fait par des hommes intrépides et appuyés d’une troupe nombreuse. Cette troupe, néanmoins inférieure et de beaucoup à la sienne, est massée non loin. Elle va continuer le feu et massacrer son bataillon…

Son parti est pris en une seconde. Un parti qui va bien avec son tempérament de fer, son audace indomptable et sa folle bravoure.

L’offensive !… il n’y a que cela… une offensive furieuse qui amènera le corps à corps avec l’ennemi ou sa dispersion.

La deuxième salve des mannlichers vient à peine de crépiter.

Marko tire son cimeterre, le brandit au-dessus de sa tête et, sans même s’occuper s’il est ou non suivi, s’élance vers la ligne des patriotes, en criant :

« En avant ! mes braves Albanais, en avant ! »

Il faut en vérité une bravoure folle, pour oser ainsi charger, en pleines ténèbres, sur un ennemi intrépide, lui aussi, bien armé et surtout invisible.

Ne pas apercevoir le péril que l’on affronte, ne pas voir face à face l’adversaire que l’on combat, ne pas savoir même où l’on pose le pied, c’est là une épreuve terrible, même pour les troupes les plus aguerries. Mais ces diables d’Albanais semblent avoir du salpêtre dans le sang et ils se ruent, à la suite de leur chef, avec l’aveugle impétuosité du fauve.

« En avant ! » crie pour la seconde fois Marko.

Et ses hommes courant éperdument, sans ordre, en