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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/331

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la terreur en macédoine

En même temps, une effroyable série de détonations retentit. Puis il y a, sur toute la ligne, une envolée de flammes courtes, drues, verdâtres, enveloppées d’un nuage de fumée blanche. Des clameurs éperdues, des hurlements de douleur, des râles d’agonie succèdent à cette formidable salve.

L’explosion s’est produite au beau milieu de tous ces corps jetés à bas par un invisible obstacle, et ses résultats sont terrifiants.

Il est impossible d’apprécier dans les ténèbres combien de morts et de mutilés. Mais le nombre en est grand.

« Les bombes !… les bombes !… s’écrient les survivants en proie à une terreur qu’ils ignoraient jusqu’alors.

— Ah ! les bombes ! vocifère Marko toujours invulnérable ; tenez bon, camarades ! »

Les bombes ! oui, c’est bien cela, et il y en a bien une centaine qui viennent d’éclater.

Chose plus étrange que tout le reste, la lueur intense qui a violemment éclairé le voisinage n’a pas laissé apercevoir un seul patriote. Les bombes n’ont pas été lancées à la main. Et ce désastre qu’elles viennent d’infliger aux Albanais s’est accompli sans danger pour les soldats de l’insurrection.

C’est encore une idée de Joannès. Une idée simple et géniale. La voici en deux mots.

À peine arrivé au bord de la rivière, sa première pensée fut de couper les fils télégraphiques et d’abattre quelques poteaux. Cela, pour isoler l’endroit où il voulait établir sa batterie de pétards à la dynamite.

Puis, craignant une attaque de front, il avait fait