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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/333

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la terreur en macédoine

quement par la secousse donnée au fil et les bombes partiront d’un seul coup.

Et c’est positivement ce qui arrive, en mutilant trois cents hommes à Marko et en jetant parmi sa troupe un désarroi fou.

Ah ! si les patriotes étaient plus nombreux ! S’ils avaient un abri moins précaire que cette berge nue qui les protège à peine !… Oh ! alors, pas un des brigands ne reverrait les villages désolés de cette Macédoine dont ils sont le fléau ! Joannès est forcé de battre en retraite pour ne pas perdre les fruits de cette victoire dont les conséquences morales vont être incalculables.

Cependant Marko ne veut pas convenir de sa défaite. Debout au milieu des survivants, il invective Joannès toujours invisible, mais qu’il sent là, tout près, derrière quelque accident de terrain.

« Lâche !… tu te sauves… assassin !… coupe-jarret… tu n’oses pas m’affronter… tu frappes de loin… sans danger… à couvert… en sournois… Oui, chrétien… pourceau de chrétien…, tu es le dernier des lâches… des lâches… des lâches… et tu as peur de moi ! »

Maintenant, les wagons amoncelés sur la voie ont pris feu. La flamme dévore les peintures, les vernis, et attaque les planches. Un brasier énorme projette au loin sa lueur crue et forme un décor tragique à cette scène de carnage.

La taille gigantesque de Marko habillé de drap rouge se détache en vigueur sur ce fond éclatant, et rappelle un de ces héros fabuleux des légendes anciennes. Fou de rage, exaspéré, terrible et malgré tout superbe de témérité, il brandit son sabre, montre