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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/364

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la terreur en macédoine

hommes résolus, attendre Marko, le guetter patiemment de jour, de nuit, à toute heure, et le poignarder !

« Mais assez causé !

« Rislog, prends le commandement à la place de notre pauvre Michel… rejoins au plus vite Panitza, et regagnez de suite les souterrains du Kara-Dagh… vous aurez trois mois de vivres… et je compte ne vous y laisser que quinze jours.

« Vous emploierez ce temps à fabriquer des bombes.

« Partez !… partez vite !… j’ai le pressentiment d’un danger terrible qui nous menace et va fondre sur nous. »

Le temps de désigner les vingt hommes qui doivent l’accompagner et Joannès, que l’inquiétude dévore, s’enfonce dans la montagne. En cinq minutes les deux troupes, suivant une direction différente, se sont perdues de vue, peut-être pour toujours !

La nuit vient et déjà, dans le lointain, commence l’exécution des ordres sauvages donnés par Marko. Du point élevé où ils se trouvent, Joannès et ses hommes voient s’allumer, dans la nuit, de multiples brasiers.

Le jeune homme frémit et gronde :

« Oh ! ne pas avoir dix mille hommes à lancer sur ces brigands !… ne pas pouvoir protéger ces malheureux qu’on égorge… être forcé d’attendre… d’assister, impuissants, à ces horreurs !

« Oh ! Marko !… Marko !… quel compte terrible tu as à me rendre ! »

Mais Joannès, pour le moment, ne fait qu’entrevoir la vérité. Elle va lui apparaître seulement le lendemain, dans toute son horreur. Avec cet instinct pro-