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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/44

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la terreur en macédoine

Les bandits font irruption par toutes les issues. Un cercle de carabines environne les Slaves qui bondissent.

« Feu ! » hurle Marko.

Les détonations éclatent, assourdissantes. Puis des clameurs déchirantes retentissent. Des cadavres retombent lourdement. Des blessés se traînent, s’agrippent et essayent de brandir l’arme trop lourde pour leurs bras défaillants.

Tous ces malheureux, naguère abrutis par la terreur, sont devenus des héros.

« Rendez-vous !… bas les armes !… » commande Marko, non par humanité, mais pour ménager son monde et infliger d’affreux supplices aux naïfs qui croiraient en sa générosité.

Chose prodigieuse, Joannès n’a pas été atteint par cette décharge à bout portant. Il porte la carabine qu’il a naguère conquise. Il épaule et fait feu, à travers la fumée, dans la direction d’où part la voix.

Ce n’est pas Marko qui est atteint. Son lieutenant, son sauveur, reçoit la balle en pleine poitrine. Il tomba en râlant :

« Adieu, Marko, je meurs heureux de t’avoir sauvé.

— Oh ! tu seras vengé. »

On n’a plus le temps de recharger les armes. Un effroyable corps à corps se produit, Michel crève d’un coup de pic une poitrine vêtue de rouge. Panitza fait voler en éclats, d’un coup de pioche, une tête coiffée du tarbouch. Joannès empoigne sa carabine par le canon. Marko saisit un revolver et l’ajuste. Le léopard se jette au milieu des paysans et les éventre avec ses griffes formidables.

D’un coup de crosse, Joannès fait sauter le revolver