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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/50

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la terreur en macédoine

de Marko est apaisée, que son âme de réprouvé est enfin saturée de carnage.

Eh bien ! non. Le monstre a encore soif de sang et de mutilations. Il veut encore plus et pis, s’il est possible.

Il se tourne vers Grégorio qui contemple, hagard, ce spectacle terrifiant. Il le voit affaissé, les yeux mornes, la poitrine secouée par un hoquet convulsif, et dans un état d’inconscience navrante.

Il l’interpelle de sa voix mordante.

« À nous deux, vieux ! » lui dit-il sans préambule, en tirant son yatagan recourbé, sa terrible lame de Damas au tranchant indestructible.

Puis, il ajoute :

« Deux hommes de bonne volonté… empoignez-le chacun par une jambe… chavirez-le la tête en bas… très bien… tenez-le droit… écartez-lui les pattes… solidement… »

Il lève son sabre et le laisse retomber, à tour de bras, au milieu de l’angle formé par les deux membres. Des hurlements fous échappent à la victime. Le sang jaillit à flots, Nikéa pousse un cri plaintif et roule sans connaissance, immobile comme une morte. De grosses larmes silencieuses coulent, brûlantes, des yeux de Joannès, qui fait appel à toute son énergie pour ne pas éclater en sanglots et semble tremper sa haine dans ce sang et dans ces larmes.

Marko frappe un second coup, puis un troisième, et les deux bourreaux tirent de plus en plus, à mesure que l’horrible plaie grandit. Le sabre, tout rouge, tombe et retombe comme un couperet. Entrailles, ossements, chair, poumons, cœur, tout est coupé en long, comme par un boucher. Les clameurs ont cessé