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Page:Bovet - Veuvage blanc, 1932.pdf/58

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VEUVAGE BLANC

sements. Il faut prendre le mot dans son acception artistique : trouver aux choses du caractère, de l’in­térêt…

— J’ai trouvé ici de l’affection… C’est tout ce dont j’ai besoin.

La voix de Louise, musicale, un peu voilée, avait un charme très prenant. Dans la gravité douce de l’accent, Claude crut sentir un reproche et il rougit.

— Pardon encore… Je ne songe pas assez au grand chagrin qui vous remplit le cœur. Certes, ce n’est pas à présent que Paris vous manque.

— Il ne me manquera jamais, car je ne suis nullement Parisienne. Vous n’avez pas idée combien je prenais peu de part à ses plaisirs. Les spectacles ? Autant que j’en puis juger, il n’en est guère qui conviennent à une jeune fille. Le monde ? Mon père trouvait rarement le loisir de m’y conduire, et cela ne me privait pas du tout. Quelques intimités assurément m’étaient agréables, mais cela, j’imagine, se peut trouver partout. S’il faut l’avouer, d’ailleurs, je ne suis pas mondaine, ni même très liante.

— Une sauvage comme votre serviteur ?

— Le mot serait bien gros…

— Et puis il ne vous siérait vraiment pas.

— Il serait un peu prétentieux.

— Bon !… une pierre dans mon jardin.

— Mais non, mon cousin. Un homme peut avoir des occupations intelligentes et fortes qui l’éloignent de la vie des salons. Tandis que nous autres, quels motifs alléguer pour nous soustraire aux obligations sociales.

— Que ces obligations vous embêtent, parbleu ! Et d’ailleurs, où sont-elles écrites, je vous prie ?

— Vous avez été soldat, mon cousin, et bon soldat, je le sais. Vous savez donc le prix de la discipline. Croyez-vous que sous les drapeaux seulement elle soit nécessaire ? C’est dans l’adversité qu’on reconnaît