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Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/33

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vement de grande ampleur dont on commence seulement à voir l’universelle portée. Or, comme la phénoménologie, il résulte avant tout d’un regard autrement dirigé, d’un changement de perspective, et tout à fait analogue, s’il est vrai, selon la formule de M. Guillaume, qu’il est « simple retour aux faits observés sans prévention, pure description phénoménologique » (p. 143). La prévention qu’il condamne ici et dont il veut nous garder, c’est elle qui a régné en psychologie depuis Condillac jusqu’à nos jours.

Rappelons en quoi elle consistait : Condillac avait cherché à déterminer le fait mental élémentaire qui, en se composant avec lui-même, devait produire les faits complexes. Il fallait donc d’abord trouver les faits élémentaires, et ensuite chercher le lien qui les groupe. On trouvait le fait élémentaire de la connaissance dans la sensation et dans l’image mentale qui la reproduit et l’on pensait avoir dans les lois d’association, selon lesquelles les sensations ont la propriété d’évoquer des images et les images de s’évoquer mutuellement, une explication et une genèse des phénomènes intellectuels les plus élevés. Quant à l’activité, on prenait pour fait élémentaire l’acte réflexe ; l’acte instinctif et même l’acte volontaire devaient naître d’une combinaison de réflexes.

On voit l’esprit de la doctrine : expliquer la