Aller au contenu

Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donné à l’existence. Contrairement à l’idéalisme, le thomisme part de l’existence et non de l’essence ; considérant la perception extérieure non comme une construction de la conscience mais comme l’appréhension d’une réalité, atteignant Dieu non par son idée, mais à titre de cause de cette réalité, le thomisme reste foncièrement réaliste ; et de plus il trouve dans la méthode d’analogie le moyen d’éviter l’agnosticisme et, en partant de la révélation, de formuler des propositions viables dans le domaine du transcendant. Le livre de M. Maritain, intitulé Les degrés du savoir, qui montre l’esprit humain s’élevant de la connaissance jusqu’au savoir supra-rationnel et à la contemplation mystique, témoigne de l’effort de cette doctrine pour englober toutes les formes de la vie humaine.

Tout autre est le transcendant dans ce que j’appelle l’augustinisme : il est le principe moins d’une hiérarchie entre les formes de l’être que d’une vie intérieure ; il se rattache au néoplatonisme et à la patristique grecque, celle d’Origène et de Grégoire de Nysse. Sa thèse essentielle, c’est que la vie intérieure, le recueillement en soi est un chemin vers Dieu, vers le transcendant. Il serait bien instructif, même pour un penseur moderne de comparer à ce point de vue Descartes et Plotin. Chez Descartes, le recueillement intérieur ne mène à d’autre certitude immédiate