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Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/93

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lisme français du xviiie siècle, celui d’Holbach, de La Mettrie, d’Helvétius, c’est-à-dire une théorie qui réduit le complexe au simple, l’esprit tout entier à la sensation et la sensation à un mode de la matière qui est la substance de toute chose. La dialectique, sous sa forme hégélienne, part au contraire de l’idée que le simple, c’est l’abstrait, et qu’il ne peut par conséquent exister à part comme substance. Le mot dialectique signifie d’abord art de la discussion ; il suppose deux interlocuteurs qui soutiennent chacun l’opinion contraire à celle de l’autre, la thèse et l’antithèse, en cherchant à les concilier dans une synthèse. La dialectique hégélienne est comme une idéalisation de ces débats : l’esprit pose un terme abstrait, puis il s’oppose à lui-même en posant son opposé ; il retrouve son unité en un troisième moment, qui réunit l’un à l’autre dans une synthèse supérieure ; ainsi de synthèse en synthèse, il progresse peu à peu vers la réalité concrète. On peut dire que, pour la dialectique, la réalité concrète est à la fois le point de départ et le point d’arrivée : mais au point de départ, c’est une chose trouble et confuse, dans laquelle l’esprit ne se reconnaît pas lui-même ; à l’aboutissement, elle est entièrement pénétrée par l’esprit qui l’a reconstruite et voit en elle son œuvre.

Donc le matérialisme est statique et simpli-