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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/17

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AURORA FLOYD

sans doute agi avec plus de prudence, ainsi que bien des gens. Si Mme de Bocarmé avait su que la découverte devait suivre de près la perpétration du crime, et la mort suivre de près cette découverte, il est probable qu’elle eût hésité longtemps avant de préparer la nicotine. Si les parieurs du Derby de l’année dernière avaient su que Caractacus serait vainqueur, ils n’auraient pas engagé d’argent sur Buckstonne et Marquis. Nous passons la plus grande partie de notre existence à commettre des fautes, et le peu qui reste à réfléchir avec quelle facilité nous aurions pu les éviter.

Floyd expliqua un peu gauchement peut-être, comment il se faisait que la marchande de Liverpool avait ignoré le mariage de sa petite nièce avec M. John Mellish ; et le Capitaine marchand annonça son attention de partir pour Doncastre, de bonne heure, le lendemain matin.

— N’allez pas croire que je veuille m’imposer chez votre fille, monsieur, — dit-il, comme parfaitement certain que le banquier craignait une telle visite ; — je sais que sa position est bien supérieure à la mienne, quoiqu’elle soit l’unique enfant de ma propre sœur, et je ne doute pas que ceux qui l’entourent ne soient assez tentés de faire la grimace à un vieux loup de mer, qui a été ballotté et culbuté par tous les vents depuis quarante années. Je n’ai besoin que de la voir une fois en passant, et de l’entendre peut-être dire « Dieu, quel drôle de vieil original vous êtes, mon oncle ! » Eh bien ! exclama Prodder soudainement, je crois que si je l’entendais une fois m’appeler mon oncle, je pourrais retourner en mer et mourir heureux, quoique ne devant jamais plus revenir à terre.