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Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome I.djvu/151

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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Il avait rencontré son ancien maître, l’homme qui lui avait fait tant de mal, le misérable au cœur sec qui l’avait si cruellement trahi. Il avait été violent peut-être et avait menacé Dunbar, et puis… puis l’homme riche, traître, et dur dans sa vieillesse comme dans sa jeunesse, avait trompé son ancien valet en feignant pour lui de l’amitié, l’avait entraîné dans un endroit écarté, et là il l’avait assassiné pour que les secrets du passé fussent enterrés avec sa victime.

Quant au vol des habits, de l’argent, du portefeuille, tout ceci évidemment entrait dans le plan bien combiné de Dunbar.

La jeune fille replia le journal et le glissa dans son corsage. C’était une singulière relique que celle qui reposait sur ce sein virginal, torturé intérieurement par une douleur froide qui ressemblait à l’agonie de la mort.

Margaret prit sa chandelle et se rendit dans une petite chambre sur le derrière de la maison, la chambre où couchait son père quand il restait avec elle.

Il s’y trouvait une vieille malle à moitié démantelée, recouverte en poil de chèvre et entourée d’une corde usée. La jeune fille s’agenouilla devant la malle et posa sa chandelle sur une chaise à côté d’elle. Puis avec ses doigts effilés elle essaya de défaire les nœuds de la corde. La tâche n’était pas facile, et elle se meurtrit les doigts avant d’en finir. Mais elle y parvint à la longue et souleva le couvercle.

Elle contenait de vieux vêtements râpés, roulés et poussiéreux qui y avaient été jetés pêle-mêle, des pipes cassées, de vieux journaux dont les caractères avaient blanchi, et dont plusieurs passages étaient marqués d’un trait de plume. Une forte odeur qui se dégageait de ce tas de vieilleries, de ces herbes que le temps, cet océan, jette sur le rivage du présent, accusait le voisinage des souris. Tout au fond de la malle,