Aller au contenu

Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

action d’affaires nous mit pour la première fois en relations.

« Les intérêts de mon unique enfant ont été toujours chers à mon cœur.

« Un homme moins perspicace n’aurait su découvrir en Gustave qu’un riche étranger ; guidé par mon instinct paternel j’ai tout de suite vu qu’il y avait en lui un mari, le seul mari digne de ma fille.

« Il fallait ma grande expérience de la vie, et j’ose le dire, ma profonde connaissance du cœur humain, pour comprendre qu’un homme qui avait vécu pendant trente-cinq ans, enterré vivant dans une province de France, — un lieu charmant du reste et qui vous plaira beaucoup, — n’ayant jamais vu d’autres mortels que ses voisins, serait de tous les hommes le plus disposé à tomber éperdûment amoureux de la première jeune femme séduisante qu’il rencontrerait.

« Venez me voir cette après-midi sans faute et de bonne heure.

« Tout à vous,

« H. N. C. P. »

Diana se soumit à cet appel.

Mais elle était encore troublée par la surprise qu’elle avait éprouvée lors de son orageuse conversation avec le capitaine.

Elle n’était pas complètement sûre d’elle-même.

Les anciens rêves, les douces et folles illusions qui avaient rempli son cœur de jeune fille n’avaient pas encore été entièrement chassés de son esprit, mais elle comprenait leur néant et elle était à demi portée à croire qu’il y avait quelque sagesse dans les opinions de son père.