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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/43

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Gustave devina que c’était dans l’embarras de savoir ce qu’il fallait faire qu’elle s’était arrêtée là, reculant devant quelque difficulté qu’elle ne pouvait surmonter.

« Ne pourrais-je pas prendre ces renseignements pour vous ? demanda-t-il. Je vous en prie, disposez de moi. Je serai heureux si je puis vous être de quelque utilité.

— Vous êtes bien bon… je ne voudrais pas vous donner cette peine.

— Ne parlez donc pas de peine. Ce n’en peut être une pour moi de vous aider en quoi que ce soit. Ah ! madame, madame, vous ne savez pas tout ce que je serais disposé à sacrifier pour vous venir en aide. »

Il aurait fallu qu’elle fût bien indifférente pour ne pas être frappée de la douleur avec laquelle il dit cela ; elle s’en aperçut et eut la vague conscience qu’elle avait rencontré un ami dans ce jeune étudiant.

« J’ai besoin de savoir quand part de Paris la diligence pour Calais et de quel bureau, dit-elle. Je vais retourner en Angleterre. »

Elle fut surprise de voir le jeune homme pâlir ; quant à lui, il fut stupéfait de la douleur soudaine que lui causa cette déclaration.

Ce fut à ce moment qu’il découvrit pour la première fois que son cœur appartenait complètement à la dame étrangère.

« Vous allez réellement quitter Paris… pour toujours ? s’exclama-t-il.

— Oui, je ne suis restée que trop longtemps déjà. Je n’ai rien à faire ici. Je devais retourner en Angleterre le jour même où je vous ai rencontré la première fois ici ; mais j’ai différé mon départ ; je ne puis le différer plus longtemps.