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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/105

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

de faire la perte la plus cruelle qui ait jamais pu affliger un homme.

— Que voulez-vous dire ? s’écria George.

— Voulez-vous que je vous dise ce que vous vouliez dire en me donnant un avertissement contre votre frère ?… Voulez-vous que je vous dise pourquoi Vous m’avez averti ?… C’est que vous saviez que Sheldon avait assassiné Halliday.

— Grand Dieu !

— Oui, le secret est découvert. Vous le saviez. Quand et comment l’aviez-vous appris ? je ne saurais le dire. Vous connaissiez ce crime infernal et vous eussiez voulu prévenir un second assassinat. Vous auriez dû vous expliquer plus clairement. Savoir ce que vous saviez et vous borner à de prudents avertissements, à de vagues suggestions, comme vous l’avez fait, c’était vous rendre complice d’une œuvre diabolique. Si Charlotte meurt, son sang retombera sur vous aussi bien que sur lui. »

Le jeune homme s’était levé et se tenait devant George les mains levées ; ses yeux lançaient des éclairs de colère. Il avait l’air d’appeler la vengeance divine sur la tête de cet homme.

« Si Charlotte meurt ! répéta George frappé d’horreur Pourquoi supposez-vous pareille chose ?

— Parce qu’elle est mourante. »

Il y eut un silence.

Valentin se laissa tomber brusquement sur le siège dont il venait de se lever, tournant le dos à George et la tête appuyée sur le dossier de la chaise.

L’homme de loi regardait droit devant lui, le visage tout décomposé.

« Je lui ai dit qu’il méditait cela, se dit-il à lui-même à voix basse, je le lui ai dit dans son cabinet, il