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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/145

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

qu’à dire qu’elle ne sera pas emmenée de cette maison dans l’état de prostration et de maladie où elle se trouve.

— Je n’ai qu’à dire, répéta Mme Sheldon d’un ton dolent. Ah ! Diana, comment pouvez-vous dire pareille chose ? Que penserait M. Sheldon si je me mettais en opposition avec sa volonté et si je déclarais que Charlotte ne bougera pas d’ici. Lui qui est si plein de sollicitude et si savant. Je puis le dire, sa conduite envers ma pauvre Charlotte est positivement admirable. Jamais je n’ai vu pareille anxiété. Mais il semble avoir vieilli de dix ans depuis le commencement de sa maladie. On parle des beaux-pères, on dit ceci, on dit cela, au point qu’une pauvre veuve est effrayée de se remarier ; mais je ne crois pas qu’un véritable père aurait pu être plus prévoyant et plus rempli de soins pour sa fille que Philippe l’a été pour Charlotte. Et, en récompense, il faudrait que je me mette aujourd’hui en opposition avec lui quand il dit que ce voyage est pour le bien de Charlotte et qu’elle sera plus près des docteurs, si elle a en effet besoin des soins d’habiles docteurs ! Vous ne savez pas l’expérience qu’il a et comme il est réfléchi. Je n’oublierai jamais sa bonté pour le pauvre Tom.

— Oui, s’écria Diana avec impatience. Mais M. Halliday est mort.

— Oh ! Diana !… gémit Georgy. Je ne croyais pas que vous seriez assez peu charitable pour me rappeler cela.

— Je ne veux vous rappeler qu’une chose, c’est que M. Sheldon n’est pas infaillible. »

Sheldon entra sur ces entrefaites et Diana sortit indignée contre cette faible créature à laquelle aucune crise, aucun danger ne pouvaient donner un peu de force d’esprit et de volonté.