Aller au contenu

Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— En attendant, à la place de l’argent j’ai quelque chose à vous donner, c’est un cousin.

— Je suis toute disposée à l’aimer, mais d’où me vient-il ? s’écria Charlotte en riant. Me tombe-t-il de la lune ? Les seuls parents que j’aie au monde sont mon oncle et ma tante Mercer. Où avez-vous pu me trouver un cousin ?

— Vous rappelez-vous de m’avoir parlé de la sœur de votre grand’mère, Susan Meynell ?

— Oui, dit Charlotte dont le visage se couvrit d’une soudaine rougeur, je me souviens.

— Cette demoiselle Meynell a épousé un gentilhomme de Normandie et a laissé un enfant, un fils. Son nom est Gustave Lenoble et il est près de vous. Il est l’héritier d’une grande fortune, à laquelle on avait cru que vous aviez des droits. Êtes-vous fâchée, Charlotte, de trouver un parent et de perdre une fortune ? Et êtes-vous satisfaite de commencer la vie sans autre espoir en ce monde que ceux que vous pouvez fonder sur la patience et sur le courage de votre mari ?

— Et sur son génie ! » ajouta Charlotte avec enthousiasme.

Le doux aveuglement de l’amour mettait pour elle une auréole autour du front du jeune écrivain et elle le croyait réellement digne de prendre rang parmi les plus illustres de cette grande confrérie dont il n’était qu’un humble membre.

Elle le contemplait avec la plus charmante confiance et sa main s’attachait à la sienne avec un amour et une foi sans bornes.

Il sentait en lui-même qu’un tel amour était un trésor en comparaison duquel tous les biens amassés par John Haygarth devaient sembler sans valeur.