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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/46

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Parfois, dans ses moments de doute et de découragement, il avait considéré comme possible que la pauvreté, les conseils de ses amis, ou même le caprice et l’inconstance de Charlotte pouvaient les séparer ; mais, parmi les ennemis possibles de son bonheur, jamais il n’avait compté la mort.

Quelle prise avait la mort sur une créature aussi belle et aussi heureuse que Charlotte, elle qui deux mois auparavant aurait pu être comparée à la divine Hygie en personne, tant elle était éclatante de fraîcheur, tant son pas était léger, tant il y avait de vivacité dans son regard ?

La plus dure souffrance qu’éprouvait Valentin avait sa source dans la nécessité où il était de cacher l’inquiétude qui le dévorait.

L’idée que la maladie de Charlotte pouvait et devait, pour la plus grande part, être attribuée à une irritation de nerfs, était celle qui prédominait dans son esprit.

Lui et Diana avaient abondé dans ce sens, quand ils avaient eu l’occasion de s’entretenir et ils s’étaient réciproquement donné du courage en cherchant à se persuader que les nerfs seuls étaient en jeu, et la conduite de M. Doddleson, dans ses visites à Mlle Halliday ne faisait que les confirmer dans cette opinion.

Mme Sheldon était présente lors de ces visites, et c’est à Mme Sheldon seule que le médecin avait confié son opinion sur la malade.

Cette opinion, quoique exprimée avec une certaine importance professionnelle, se bornait à fort peu de choses.

« Notre chère jeune amie manque de force, d’énergie vitale. Oui… c’est là un point essentiel… À quel régime allons-nous mettre maintenant notre jeune amie ? Que dirions-nous d’un petit régime léger… une côtelette de