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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/121

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LA FEMME DU DOCTEUR

causé par ces petites dispositions, George trouva le courage d’offrir son bras à Isabel. Elle le prit sans hésitation, et Sigismund se mit de l’autre côté. M. Raymond marcha en avant avec les orphelines qui ne quittaient pas le voisinage des paniers, et les trois jeunes gens suivirent, marchant doucement sur le gazon.

Isabel avait quitté ses vêtements de deuil. Elle n’avait jamais eu qu’une seule robe noire, la pauvre enfant ; et, celle-ci une fois usée, force lui avait été de revenir à son costume ordinaire. Si, dans le jardin de Camberwell, avec ses cheveux en désordre et sa robe d’une propreté douteuse elle avait paru jolie, ce jour-là elle était éblouissante dans sa robe de mousseline immaculée, flottant au souffle printanier, et avec ses cheveux divisés en bandeaux soyeux sous un large chapeau de paille. Son visage s’éclairait des rayons du soleil et de la beauté du paysage ; sa démarche devenait plus légère et plus souple en marchant sur ce tapis d’émeraude. Ses regards devinrent peu à peu brillants, comme la petite troupe approchait d’une petite porte basse en fer au delà de laquelle se voyaient un bosquet, des bouquets d’arbres disséminés çà et là, des clairières ondulées, des ravins à moitié cachés sous la verdure, et, dans une vallée encaissée et profonde, une cascade bruyante, courant éternellement sur des rochers moussus et traçant des méandres infinis avant de s’aller perdre bien loin de là dans la rivière.

— Que c’est beau ! — s’écriait Isabel ; — que c’est beau !

Pauvre enfant, c’était une cockney, et on voyait bien que la meilleure partie de sa vie s’était écoulée