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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/171

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LA FEMME DU DOCTEUR

les objets qu’elle devait apercevoir chaque matin pendant le reste de ses jours.

La chambre ne contenait assurément rien de joli. Il y avait une cheminée étroite sur la tablette de laquelle on voyait quelques fragments de spath du comté de Derby et quelques autres productions minérales. Au-dessus une vieille gravure représentant un sujet biblique entouré d’un cadre noir. Il y avait une armoire garde-robe, massive, en bois peint, dont une bonne partie de la peinture était tombée ; une table-toilette, également en bois peint ornée d’un miroir carré enrichi d’ornements en cuivre au cadre et au support, — un miroir dans lequel le grand-père de George s’était regardé soixante-dix ans auparavant. Isabel contemplait sur les murs blancs, avec une horrible fascination, les ombres géantes de ces meubles étranges. Elle trouvait tout cela bien laid ! et elle se révoltait contre son mari en songeant qu’il aurait pu changer tout cela et qu’il avait néanmoins laissé cette chambre dans sa hideuse nudité.

En attendant, George était très-affairé dans son laboratoire ; il manœuvrait son pilon avec un tel entrain qu’il semblait battre la mesure d’une chanson, et il songeait combien il était heureux maintenant qu’Isabel était sa femme.

CHAPITRE XI.

ENNUI.

Quand l’impression glaciale de cette première soirée à Graybridge fut passée et disparue, Isabel ressentit