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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/266

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LA FEMME DU DOCTEUR.

contempler la robe de soie de Gwendoline — cette robe idéale dont les reflets dorés n’étaient que très-légèrement plus foncés que les cheveux de la dame ; et le petit col de dentelle serrant un peu le cou long, flexible et gracieux, et fixé par une broche composée d’une grosse turquoise monté sur or mat, ainsi que les pendants d’oreille, pareils à la broche, qui passaient sous les épais bandeaux blonds. Mme Gilbert admira toutes ces choses et elle remarqua que le visage de Gwendoline, si pur vu de profil, était un peu fané et défraîchi quand on le voyait de face.

Les enfants débouchèrent un à un les flacons et flairèrent énergiquement le contenu de chacun d’eux, puis discutèrent à voix basse sur le mérite des différents parfums. Gwendoline parla avec beaucoup d’affabilité à Isabel. Elle n’était nullement enchantée de se trouver avec la femme du médecin et elle gardait rancune à son cousin de s’occuper de ces gens-là ; mais elle était trop bien élevée pour ne pas se montrer aimable avec les invités de Roland.

Bientôt toute la compagnie descendit et pénétra dans une salle lambrissée en vieux chêne où se voyait une table ovale sur laquelle était servi le luncheon. Isabel se trouva assise à la droite de Lansdell et en face de lady Gwendoline Pomphrey.

C’était vivre, cela. Au centre de la table se dressait, sur une corbeille de Dresde, une pyramide de raisins et de pêches couronnée d’un ananas. Jusqu’à ce jour, Isabel n’avait vu d’ananas que dans le fameux portrait d’Édith Dombey. Il y avait des fleurs sur la table et un léger parfum de fleur d’oranger et d’abricotier embaumait l’atmosphère. Il y avait des verres de cristal étincelants, si frêles en apparence qu’il sem-