Aller au contenu

Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
299
LA FEMME DU DOCTEUR

que ses cheveux, bien que plus soignés qu’autrefois, mais qui n’étaient pas aussi soigneusement ajustés qu’ils auraient pu l’être, tombèrent en avant comme un voile et s’emmêlèrent dans les rameaux épineux.

— Excusez-moi, madame George, je l’aime beaucoup. Je n’ai jamais vu, je crois, de jeune gentleman plus agréable à voir ou d’une conversation plus engageante que M. Lansdell, ou qui fût plus affable et plus ouvert dans ses manières envers le pauvre monde. Mais comme tant d’autres choses excellentes, Madame George, M. Lansdell, à mon avis, ne vaut quelque chose que lorsqu’il est à sa place. Et je vous le dis franchement, il n’est jamais plus déplacé que lorsqu’il perd son temps dans la maison ou qu’il promène ses loisirs dans ce jardin. Ce n’est pas mon affaire, Madame George, de critiquer les personnes qui viennent ici, ou celles qui n’y viennent pas ; mais voyez-vous la défunte mère de mon maître et moi nous étions quelque peu parents. Je la vois encore, pauvre enfant, avec son joli minois et ses cheveux blonds flottant au vent, s’approcher de moi par cette allée où vous êtes en ce moment, Madame George. Tout ce temps-là me revient comme si cela datait d’hier. Je n’ai jamais vu personne mener une existence meilleure ou plus vertueuse. J’étais à son lit de mort, et je n’ai jamais vu une fin plus heureuse, ou qui démontrât plus clairement à l’esprit humain qu’il y a, après la mort, une existence encore plus heureuse et plus tranquille. Mais en ce temps-là, il n’y avait pas de M. Roland Lansdell, madame George, pour venir griffonner des têtes sans corps, des arbres sans troncs, ou jouer des airs, ou perdre son temps de la sorte, pendant que mon maître était absent. Et je me rap-