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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/307

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LA FEMME DU DOCTEUR

seront ravies de se donner une indigestion au milieu des ruines. Quant à cet excellent Raymond il n’est jamais si heureux qu’au milieu des jeunes gens. Je ne vois donc pas ce qui pourrait contrarier la fête, et, à propos, je pense qu’il conviendrait d’envoyer à l’avance les paniers par Stephens, qui pourrait se rendre utile toute la journée pendant que je me dispenserais de paraître. Je puis aller en ville sous un prétexte quelconque et y passer un jour ou deux. Et même je pourrais aussi bien pousser jusqu’à Bade ou jusqu’à Hombourg et y passer la fin de l’automne. Le ciel sait que je ne veux être la cause d’aucun mal.

Mais en dépit de toute cette incertitude, de toutes ces hésitations, Lansdell s’intéressa beaucoup aux préparatifs de la fête. Il ne s’occupa pas du magnifique pâté de gibier, confectionné pour l’occasion et dont la croûte avait le poli et le brillant d’un bois précieux. Il ne prit aucun intérêt aux jeunes volailles nichées dans des retraites de persil, non plus qu’à la langue décorée avec profusion par des légumes découpés en forme de fleurs impossibles. Il ne regarda pas davantage le jambon d’York, revêtu également d’un glacé superbe pareil à celui du bel acajou espagnol, et entouré au manche par des franges de papier découpé et immaculé.

Les comestibles qui occupèrent l’attention de Lansdell étaient d’une nature plus délicate et plus poétique, tels que ceux qui font les délices des femmes et des enfants. Il y avait des gelées et des crèmes, si difficile que fût le transport de ces compositions. Il y avait des fruits ; il veilla lui-même à la cueillette des raisins et des pêches de serre-chaude, de l’ananas le plus parfait, et des poires pittoresques à la queue