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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/316

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LA FEMME DU DOCTEUR.

espoir qui est si fort à la mode aujourd’hui ; mais ne pensez-vous pas que si vous vous leviez un peu plus tôt le matin, et que si vous passiez une heure ou deux dans vos guérets en compagnie de vos chiens et de votre fusil, afin de gagner de l’appétit pour le déjeuner, ne pensez-vous pas que vous vous en guéririez ?

Isabel regarda Raymond d’un air de reproche, mais Roland se mit à rire.

— Je crains de parler comme un fou, — dit-il ; — il m’arrive de m’en apercevoir parfois.

— Quand partez-vous pour le continent ?

— Dans un mois environ. Mais pourquoi partir ? — demanda Lansdell avec une expression de violence dans l’expression de ses paroles qui changea soudainement, — pourquoi partirais-je ? Qu’ai-je à faire ici plutôt que là ? À quoi suis-je utile dans un endroit plutôt que dans un autre ?

Il adressait ces questions au ciel autant qu’à Raymond, et le philosophe de Conventford ne crut pas utile d’y répondre. Lansdell retomba dans le mutisme qui troublait tant Isabel, et rien ne vint rompre le silence avant la voix de Gilbert qui s’éleva de la base de la tour et résonna violemment contre les parois en appelant Isabel.

— Il faut partir, — dit-elle. — Je pense que la voiture est prête à nous emmener. Bonsoir, monsieur Raymond ; bonsoir, monsieur Lansdell.

Elle tendit la main, ne sachant pas à qui elle devait l’offrir d’abord. Roland était resté immobile, mais il tressaillit violemment comme un homme qui s’éveille d’un rêve.

— Vous vous en allez ? — dit-il, — si vite !

— Si vite !… il se fait tard, je crois, — répondit