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LA FEMME DU DOCTEUR

aperçut la grande et vilaine maison entourée de son grand mur au delà des terrains en triche qu’on appelait le commun. Il fut très-heureux, non pas d’une façon violente ou passionnée, mais il ressentait un plaisir calme et tranquille. Arrivés à la porte du jardin, Sigismund se baissa et donna son coup de sifflet habituel par le trou au-dessus de la serrure, mais il se redressa brusquement et s’écria :

— Voilà qui est fort !

— Quoi donc ?

— La porte est ouverte !

Smith poussa cette porte en disant ces mots, et les deux jeunes gens pénétrèrent dans le premier jardin.

— Depuis que j’habite avec les Sleaford, ceci n’est jamais arrivé, — dit Sigismund. — Sleaford se montre très-sévère sur la question de fermeture de la porte. Il prétend que le quartier n’est pas sûr et qu’on ne sait pas les voleurs qui peuvent rôder aux alentours ; quoique, entre nous, je ne vois pas ce qu’ils pourraient voler ici, — ajouta Smith d’un ton confidentiel.

La porte de la maison, aussi bien que celle du jardin, étaient ouvertes. Sigismund pénétra dans le vestibule, suivi de près par George. La porte du parloir était également ouverte et la chambre vide. Elle était vide et elle avait un aspect de propreté anormal, comme si le fumier et le bric-à-brac en avaient été ramassés tout à coup et emportés. Sur la table se voyait un bout de corde à côté de morceaux de fil de fer, d’un marteau, et de deux étiquettes blanches pour les bagages.

George ne s’arrêta pas à regarder ces objets ; il se dirigea immédiatement vers la fenêtre ouverte et regarda dans le jardin. Il s’attendait si bien à voir Isabel