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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/64

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LA FEMME DU DOCTEUR.

la vieille maison qui, pendant près de sept ans, avait abrité Sleaford, sa femme, et ses enfants, le jardin en friche dans lequel Isabel avait passé les heures si nombreuses d’oisiveté de ses jeunes années, et la tonnelle de vigne vierge à l’abri de laquelle elle avait rêvé des fantaisies brillantes et sentimentales, les yeux fixés sur les pages de ses romans.

Les jeunes gens prirent une voiture à la première station qu’ils rencontrèrent et se firent conduire chez la brave fruitière qui avait donné asile à leurs bagages. Ce fut, sans doute, une heureuse circonstance pour eux que les malles et la valise eussent été déposées dans cet humble sanctuaire, car le propriétaire n’était pas d’humeur à s’arrêter aux détails et eût volontiers confisqué la maigre garde-robe de Sigismund et les chemises toutes neuves que George avait apportées à Londres.

Mme Judkin reçut une petite gratification, et nos deux jeunes gens partirent pour le logis de Sigismund où ils campèrent et où ils s’arrangèrent assez bien malgré une apparence quelque peu bohémienne.

— Tu prendras la chambre de Morgan, — dit Sigismund à son ami. — Pour moi, je me ferai un lit dans le salon ; les matelas et les couvertures ne manquent pas.

Le soir, assez tard, ils dînèrent dans une taverne célèbre dans les environs du sanctuaire où la Loi et la Justice ont établi leur quartier général. Après le dîner, Sigismund demanda l’Annuaire du Barreau.

— Nous découvrirons sans doute là dedans quelque chose sur Sleaford, — dit-il.

Mais l’Annuaire du Barreau resta muet sur Sleaford. En vain Sigismund et George explorèrent-ils tour à