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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/91

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LA FEMME DU DOCTEUR

Raymond, de Conventford, avait besoin d’une personne telle que Mlle Sleaford (j’avais naturellement gratifié Isabel de toutes les vertus imaginables) et que si je pensais que la jeune personne conviendrait et que je pusse répondre de l’honorabilité parfaite de sa famille et de ses antécédents… (tu penses bien que je n’allais rien dire sur les trois termes en retard et que je n’allais pas avouer que les antécédents d’Isabel consistaient à s’asseoir dans un fauteuil au jardin et à lire des romans ou à rendre des visites douteuses au bijoutier… et mille autres choses, hélas ! dans Walworth Road), je pouvais engager Mlle Sleaford au salaire de vingt livres par an. Je me rendis à Islington le soir même, bien que je fusse en retard d’un numéro et demi pour le Démon des Galères (le Démon des Galères fait suite à l’Homme à la marque, le propriétaire du Parthénon à un sou ayant exigé une suite, ce qui m’a obligé à ressusciter le colonel Montefiasco après l’avoir précipité dans un gouffre de trois cents pieds). La pauvre fille se mit à pleurer quand je lui dis que je lui avais trouvé un asile. Je crains bien qu’elle n’ait beaucoup souffert depuis son départ de Camberwell, car elle n’est plus ce qu’elle était. La sœur de sa belle-mère est une femme vulgaire qui tient un garni et il n’y a qu’une servante dans la maison, — pauvre misérable esclave. Isabel fut obligée d’aller ouvrir la porte trois fois pendant ma visite. Tu connais mon oncle Raymond et tu sais quel homme charmant c’est ; tu devines quel agréable changement ce sera pour la pauvre Izzie. À propos, tu pourrais lui rendre visite lorsque tu iras à Conventford et me donner des nouvelles de la pauvre enfant. Je crois