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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/20

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LA FEMME DU DOCTEUR.

comme le tintement d’une sonnette, jamais elle ne le reverrait !

Elle sentait que Sigismund la regardait et la questionnait sur le contenu de la lettre.

— Que dit Lansdell ?… Est-ce partie remise ?… qu’est-ce que c’est ? — demandait Smith.

Mais Isabel ne lui répondit pas. Elle lui tendit la lettre ouverte, puis, brusquement, elle se détourna, courut vers la maison, monta les escaliers, et pénétra dans sa chambre. Elle ferma la porte à clef, se jeta sur le lit, et pleura comme une femme qui vient d’éprouver le premier chagrin sérieux de sa vie. Le bruit de ses sanglots déchirants était étouffé par les oreillers au milieu desquels elle avait enfoui sa figure ; mais la douleur qu’elle éprouvait la secouait des pieds à la tête. C’était fort mal à elle d’avoir pensé si souvent à lui, de l’avoir aimé si tendrement. Le châtiment de son péché l’atteignait brusquement et il était très-douloureux.

Smith resta pendant quelques instants à contempler la porte par laquelle Isabel avait disparu. Il tenait la lettre ouverte à la main et sa figure était l’image la plus parfaite de la stupéfaction la plus intense.

— J’imagine que c’est une remise, — se dit-il à lui-même, et qu’elle est contrariée de ce que nous n’y allons pas. Mon Dieu ! comme elle est encore enfant ! Je me rappelle l’avoir vue se conduire de la sorte une certaine fois à Camberwell, que je lui avais promis des billets de spectacle que je ne pus obtenir. Le directeur du Théâtre royal de Drury Lane répondit qu’il ne considérait pas l’auteur de l’Homme à la marque comme ayant des titres suffisants aux privilèges accordés à la littérature. Pauvre Izzie ! Je me rappelle