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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/297

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LA FEMME DU DOCTEUR

Enfin, lorsque Isabel fut restée quelques heures, seule et tranquille, dans cette chambre inondée de lumière, un ardent désir de revoir encore une fois Roland s’empara d’elle. Elle voulait le voir ou au moins savoir de ses nouvelles ; apprendre qu’un heureux changement s’était produit ; qu’il dormait paisiblement de ce sommeil calme qui annonce une guérison prochaine. Ah ! quel indicible bonheur ce serait d’apprendre quelque chose de semblable ! Et ce n’était pas la première fois que des malades guérissaient.

Son cœur tressaillit dans une soudaine extase d’espérance. Elle se dirigea vers la porte et l’ouvrit, puis elle s’arrêta sur le seuil, prêtant l’oreille. Tout demeurait silencieux comme la première fois. Nul bruit de pas, nul murmure de voix, ne traversait les vieux murs massifs. Aucun domestique qu’elle pût interroger sur l’état de Lansdell, ne passait dans le corridor. Elle attendit avec un faible espoir que Gwendoline ou la garde vinssent à sortir de la chambre du malade ; mais elle attendit en vain.

Le soleil couchant envoyait ses rayons rouges à travers un belvédère percé dans la voûte du corridor et illuminait d’un semblant de vie les visages des Lansdell défunts, visages pensifs, sombres, graves, tous ayant un air de ressemblance avec l’homme couché dans la chambre voisine. Le calme de cette longue galerie glaça l’espoir puéril d’Isabel. Un store de toile à l’extérieur du belvédère frappa comme une voile sous l’effort du vent ; mais à l’intérieur de la maison on n’entendait pas un souffle, pas un murmure.

Le silence et l’attente devinrent insupportables. La femme du médecin quitta le seuil de la chambre et se