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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/44

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LA FEMME DU DOCTEUR.

Elle lut la plus grande partie de la littérature légère qui meublait les rayons de Lansdell ; poèmes et histoires populaires, biographies et autobiographies, lettres, voyages dans des contrées magiques et romanesques. Lire la description des pays que parcourait Lansdell équivalait presque à le suivre !

À mesure que Mme Gilbert se familiarisait davantage avec le noble logis et qu’elle se liait de plus en plus avec la femme de charge, elle s’accoutuma à se promener à loisir à travers toutes les chambres, tantôt s’arrêtant devant un tableau, tantôt s’asseyant pendant une demi-heure devant un autre, perdue dans ses rêveries. Elle connaissait tous les tableaux ; elle avait appris leur histoire de Mme Warman ; et elle savait ceux d’entre eux que Lansdell prisait davantage. Elle prit quelques-uns des majestueux in-folio dans les rayons inférieurs de la bibliothèque et y lut les biographies de ses peintres favoris et des traductions officielles de dissertations italiennes sur l’art. Son esprit prit ses ébats parmi les ravissants objets qui l’entouraient, et les graves pensées recueillies par des lectures sérieuses dissipèrent un grand nombre de ses rêveries puériles, de ses aspirations naïvement sentimentales. Jusqu’à ce moment, elle avait vécu trop exclusivement parmi les poètes et les romanciers ; mais alors de sérieuses biographies lui révélèrent un nouveau côté de la vie. Elle lut les histoires d’hommes et de femmes réels qui avaient vécu et qui avaient enduré de véritables souffrances, des angoisses prosaïques, de dures épreuves vulgaires, et des misères plus dures encore. Vous rappelez-vous comment, lorsque le cœur du jeune Caxton a été éprouvé par les chagrins les plus amers de la jeunesse, son père lui