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Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/130

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LA TRACE

table incarnation de l’idéal du poète, quand ils ajoutent à ses formes grêles la rondeur volumineuse qu’offre le total de la somme placée par son père.

Jabez arpente en tous sens la longue classe d’un pas si léger, qu’il éveille à peine un écho (ces bizarres physiologistes trouvent dans la légèreté de ce pas un autre indice de sécrétivité), et continue sa promenade malgré l’obscurité qui grandit.

« Six autres mois de grammaire latine, murmura-t-il, une autre demi-année de rudiments grecs et d’ennuyeuse société avec ces maussades compagnons, Pâris et Hélène, et Hector et Achille. Une belle existence pour un homme ayant ma tête ! car ces imbéciles de physiologistes, qui ont discouru sur mon manque de sens moral, avaient peut-être raison quand ils me disaient que mon intelligence pourrait me mener où je voudrais. Qu’a-t-elle fait pour moi jusqu’à ce jour ? Mais elle m’a retiré des haillons dégoûtants de la charité publique, elle m’a donné l’indépendance et elle me donnera la fortune. Mais, comment, comment ? Quelle sera la prochaine épreuve ? Cette fois, il ne faut pas d’insuccès ; cette fois, mes données doivent être sûres. Si je pouvais seulement découvrir quelque bon projet. Il y a bien un moyen par lequel je pourrais me procurer une forte somme d’argent ; mais, après, la crainte de la prison ? la prison qui, évitée aujourd’hui, peut s’ouvrir demain. Et ce n’est pas une