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Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/99

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DU SERPENT.

Les hommes de loi se regardèrent les uns les autres, d’un air étonné, et l’avocat du prisonnier devint pâle comme un mort.

« Quoi ! après toutes ses protestations d’innocence, le prévenu se détermine à plaider coupable ? »

Sa défense, élaborée avec tant de travail, n’était plus, en ce moment, qu’un inutile morceau de papier.

L’avocat poursuivant établit l’accusation, qui ne semblait que trop évidente, contre Richard Marwood.

« C’est ici, dit l’avocat, le cas d’un jeune homme qui, après avoir dilapidé sa fortune, et s’être profondément endetté dans sa ville natale, quitte cette ville, comme tout le monde l’a cru, pour n’y plus revenir. Sa mère, veuve et délaissée, attend dans l’angoisse des nouvelles de ce fils dénaturé et sans cœur ; mais, pendant sept longues années, pas une ligne, pas un mot ne lui parvient par une voie quelconque, pour essayer de soulager son anxiété. Ses compatriotes le croient mort, sa mère le croit mort, et sa conduite fait présumer qu’il désirait être perdu de vue par tous ceux qui l’avaient autrefois aimé. Mais à la fin de cette septième année, son oncle, le frère unique de sa mère, un homme d’une fortune immense, revient de l’Inde et établit sa résidence temporaire au Moulin Noir. Naturellement, tout Slopperton apprend l’arrivée de ce gentleman, et est informé aussi de l’étendue de sa for-