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Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/172

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LA TRACE

avoir livré sa pipe à l’Indien pour la remplir, rompt le silence.

« Ainsi donc le grand monde de Londres, aussi bien que celui de Paris, commence à croire en vous, Laurent, » dit-il.

Le savant relève la tête de sur son ouvrage, et tournant ses lunettes bleues vers le fumeur, dit avec son ancienne et impassible manière :

« Comment feraient-ils autrement quand je leur dis la vérité ? Ceux-là (il montre la pile de livres et de papiers à côté de lui) ne se trompent pas ; ils demandent seulement à être bien interprétés. Je me suis quelquefois mépris ; je n’ai jamais été trompé.

— Vous établissez des distinctions subtiles, Blurosset.

— Pas du tout : si j’ai commis des erreurs dans le cours de ma vie, elles ont été causées par ma seule ignorance et par mon impuissance à bien comprendre le sens de ces ouvrages. Je vous répète qu’ils ne trompent pas.

— Mais en comprendrez-vous toujours bien le sens ? Sonderez-vous toujours les véritables profondeurs de cet abîme ténébreux de la science des anciens jours ?

— Oui, je suis dans la bonne voie ; je demande seulement à vivre assez pour arriver à la fin.

— Et alors ?