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Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/75

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DU SERPENT.

abattement. Kuppins poussa l’agent dans le fauteuil sur lequel il avait coutume de s’asseoir, s’installa sur un autre en face de lui, posa le chandelier sur la table, moucha la chandelle et puis, les yeux ouverts de toute leur grandeur, attendit évidemment que M. Peters dît quelque chose.

Il dit quelque chose à sa manière, naturellement ; les doigts commencèrent à manœuvrer.

« Je l’ai… dirent les doigts.

— Exécuté ! s’écria Kuppins, étrangement animée tout ce temps ; exécuté, vous avez exécuté cela ! Ne vous ai-je pas toujours dit que vous y parviendriez ? N’avais-je pas rêvé trois fois que vous y aviez donné suite ? et une maison en feu, cela signifiait la rivière ; et une armée de soldats, cela voulait dire le bateau ; et tout le monde en deuil, signifiait joie et bonheur. Tout cela s’est vérifié, tout cela était la vérité. Oh ! que je suis heureuse ! »

En foi de quoi, Kuppins commença une série d’évolutions et d’exercices de voix humaine, vulgairement connus dans les environs pour des accès d’hystérie si violents, par le fait, que M. Peters n’aurait pas réussi à les calmer s’il l’avait essayé, et c’est pour cela peut-être qu’il n’essaya pas, mais promena ses regards dans toutes les directions pour chercher quelque chose de froid qu’il pût mettre dans son dos, et, n’ayant trouvé autre chose sous sa main que le tisonnier, il se mit à la frictionner avec