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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/147

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LES OISEAUX DE PROIE

ma chérie, ne fût-ce que pour m’être agréable. Et à présent dites-moi, ma chère, maintenant que vous voilà revenue, vous allez rester pour toujours ici, n’est-ce pas ? demanda Charlotte après avoir mis le porte-crayon dans les mains de Diana, malgré celle-ci.

— Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, ma chère amie, mais je pense que je resterai ici jusqu’à ce que je sois fatiguée de la maison et de ceux qui s’y trouvent. Vous n’y serez pas bien longtemps, vous, à présent, Charlotte, car vous allez avoir dix-huit ans, et je présume que vous quitterez la pension avant d’en avoir dix-neuf. C’est ce que font la plupart des jeunes filles… Il y a d’ailleurs longtemps que vous êtes ici, et puis vous êtes plus avancée que toutes les autres. Je ne reviens pas comme pensionnaire, cela ne fait pas question, car vous savez que je viens d’avoir vingt ans. Priscilla a la bonté de me recevoir comme sous-maîtresse pour les petites filles. Ce sera une pénible tâche que devoir à enseigner à ces incorrigibles enfants les stupides abrégés de l’histoire et de la géographie, mais cependant je suis reconnaissante envers ma cousine de me recevoir à ces conditions, après les procédés de mon père. Sans cela, ma chère Charlotte, je serais sans domicile. Que vous êtes heureuse, vous, d’avoir pour père un homme respectable ! »

Charlotte fronça légèrement le sourcil en écoutant son amie.

« Ce n’est pas mon père, vous le savez, dit-elle gravement, et je serais beaucoup plus heureuse si ma mère et moi étions seules en ce monde. Nous pourrions vivre dans quelque petite maison sur le bord de la mer, je pourrais avoir une amazone, faire des courses à cheval dans la journée, puis le soir je lirais et je ferais de