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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/173

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LES OISEAUX DE PROIE

que nous puissions nous moquer ensemble de quelques-uns desdits chapeaux. Notre maison est très-confortable, mais, pour moi, elle a l’aspect exaspérant d’une institution philanthropique en miniature. J’ai envie de dégrader les murs, de casser les fenêtres. Enfin, je commence à comprendre ces pauvres gens qui déchirent, mettent en lambeaux leurs vêtements. L’oisiveté les accable à ce point qu’ils perdent patience et aiment encore mieux faire du mal que de ne rien faire du tout. Vous aurez pitié de mon abandon, n’est-ce pas, Diana ? J’irai à la pension avec maman, demain dans l’après-midi pour avoir votre ulti……, comment dit-on ?… En attendant et pour toujours, croyez-moi votre dévouée et fidèle,

« Charlotte. »

Les larmes vinrent aux yeux de Diana Paget pendant qu’elle lisait cette lettre.

« Je l’aime tendrement, pensa-t-elle, mais cent fois moins encore que je devrais l’aimer. »

Puis elle revint à la lettre de Valentin ; elle lut et relut la demi-douzaine de lignes qu’elle contenait, se demandant quand il viendrait à Londres et si elle le verrait. Le revoir ! La pensée que cela était possible était pour elle comme un jet d’éblouissantes lumières qui l’empêchait de rien voir qui ne fût cela. Quant à l’offre d’aller demeurer chez M. Sheldon, ce qu’elle ferait, ce qu’elle deviendrait, lui paraissait si peu important qu’elle était disposée à laisser à d’autres le soin de décider de son sort. Tout lui semblait préférable à la vie monotone de la pension. Puis, si Valentin venait la voir chez M. Sheldon, il est probable qu’il pourrait la voir seule, comme autrefois, tandis qu’à la pension, Priscilla ou