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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/196

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LES OISEAUX DE PROIE

je serais bien aise de causer un moment avec vous, dit George, étant bien entendu, que ce qui sera dit entre vous et moi est strictement confidentiel.

— C’est entendu.

— Il me semble que vous avez mené une vie passablement oisive pendant ces derniers mois, et je vous considère comme un trop habile homme, M. Haukehurst, pour croire que cela puisse vous convenir.

— En réalité, j’ai jusqu’à un certain point perdu mon temps, répondit insoucieusement Valentin. Mon chef paraît s’être fait une situation comme agent de votre frère ; mais je ne suis pas Horatio Paget, c’est pourquoi le brougham et les gants frais ne sont pas faits pour moi.

— Il y a pour gagner de l’argent d’autres manières de s’y prendre que d’être agent d’affaires, répondit avec ambiguïté l’avocat ; mais je présume que vous ne vous soucieriez pas d’un travail qui ne produirait pas immédiatement. Vous ne voudriez probablement pas spéculer sur les chances d’une affaire, quelque bons résultats qu’elle pût promettre ?

— C’est selon ! cela dépend de ce qu’elle serait, répondit prudemment Valentin. Vous savez que les affaires qui promettent tant échouent bien souvent au moment de réussir. Je ne suis pas un capitaliste et je ne puis, par conséquent, me faire spéculateur. Depuis quelque temps, j’ai vécu au jour le jour avec des articles que j’ai pu donner à un journal de sport et de quelques petites affaires que votre frère m’a procurées. J’ai eu l’occasion de lui être de quelque utilité, et il m’a promis de me faire donner une place dans un bureau pour la correspondance étrangère ou quelque chose de ce genre.

— Hum ! murmura George, cela veut dire quatre-