Aller au contenu

Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
LES OISEAUX DE PROIE

Les deux hommes se regardèrent à ce moment, et Valentin sourit d’une manière significative.

« Dans le cours des dix dernières années, dit-il, cela fait de la marge… une belle marge !

— Pensez-vous que vous seriez apte à rechercher les moyens de rétablir les anneaux manquants à la chaîne dans l’histoire d’une famille ? demanda Sheldon. C’est un travail assez fastidieux, vous comprenez, et qui exige une dose plus qu’ordinaire de persévérance.

— Je puis être persévérant, dit résolûment Valentin, si vous pouvez me démontrer que le jeu en vaudra la chandelle, comme on dit. Il s’agit de vous trouver un héritier légal, et j’aurai à entreprendre de le rechercher. Que recevrai-je pendant ces recherches et que gagnerai-je si je parviens à le trouver ?

— Je vous donnerai une livre par semaine et vous rembourserai vos dépenses de déplacement pendant le temps que vos recherches dureront ; puis, je vous donnerai trois mille livres le jour où l’héritier sera mis en possession de ses droits.

— Hum ! murmura Haukehurst d’un air assez indécis. Trois mille livres sont un très-respectable coup de filet, mais vous avez à considérer que je puis ne pas parvenir à découvrir l’héritier, et lors même que j’y parviendrais, il y a dix à parier contre un qu’au dernier moment cela deviendra une affaire de Chancellerie, auquel cas je pourrais attendre ma récompense jusqu’au jour du jugement dernier. »

George leva les épaules avec impatience : il avait pensé que cet aventurier sans ressources accepterait avec empressement ce qu’il lui offrait.

« Trois mille livres ne se trouvent pas dans la rue, dit-il. S’il ne vous convient pas de travailler avec moi,