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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/207

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LES OISEAUX DE PROIE

temps-là, les habitants d’Ullerton l’ont perdu de vue. Le grand-père de mon vieil habitant était commis chez un marchand de la Cité de Londres, ce qui fait qu’il a été à même de connaître la conduite dans la métropole de son ancien camarade de classe ; toutefois, les deux citadins n’avaient pas des rapports suivis. Ils se rencontraient rarement, ne se voyaient qu’accidentellement. Mais, je vous l’ai déjà dit, les souvenirs de mon vieil habitant sont assez vagues et il est prolixe en diable. Comme vous le voyez, M. Haukehurst, j’ai déjà consacré beaucoup de temps à l’étude de cette affaire, et vous trouverez le terrain très-aplani, si vous le comparez à ce qu’il était quand j’ai commencé à le déblayer.

— Je pense que c’est surtout dans les commencements que ces sortes d’investigations doivent être difficiles.

— Vous le diriez en jurant, si vous aviez passé par là, répondit George d’un ton presque irrité. Vous vous mettrez en train avec l’extrait mortuaire de quelque vieille carcasse, si affreusement vieille, lorsqu’elle a consenti à mourir, qu’il n’y a plus au monde personne qui puisse vous dire l’époque de sa naissance, ni quels étaient ses père et mère, car, naturellement, le vieil idiot a eu soin de ne pas laisser le moindre document qui puisse faciliter notre besogne. Puis, quand vous aurez fait la chasse à une demi-douzaine de personnes du même nom, que vous vous serez creusé la cervelle pour rassembler par un lien quelconque cette demi-douzaine d’individus, qui ont pris à des époques différentes des chemins différents, ils s’éparpilleront tous comme la poussière au vent, vous en serez pour vos frais et vous vous trouverez rejeté plus loin que jamais de celui que vous cherchez. En tout cas, vous n’aurez pas à faire un semblable travail, dit Sheldon, qui contenait