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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/213

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LES OISEAUX DE PROIE

son. C’est une raison de plus pour que nous placions notre confiance dans Matthieu Haygarth. La ligne des Judson est celle qu’il semble le plus rationnel de suivre, et il y a bien peu d’hommes qui songeraient à se mettre sur la piste d’un premier mariage très-problématique avant d’avoir épuisé la ligne des Judson. Ainsi donc, je compte sur vous pour jeter de la poudre aux yeux du capitaine de telle façon que mon frère ne puisse rien soupçonner de nos petits projets.

— Je prendrai garde à cela, répondit Valentin ; mais en ce moment il n’a pas besoin de moi. Il a pris un très-grand genre, il court la ville en voiture, dîne tous les jours dans les restaurants du West End. Il ne sera pas fâché d’être débarrassé de moi pour quelque temps.

— Mais quelle raison lui donnerez-vous pour vous absenter ? Il voudra certainement le savoir.

— J’inventerai une tante à Ullerton, et je lui dirai que je vais passer quelque temps près d’elle.

— Vous feriez mieux de ne pas nommer Ullerton. Paget pourrait se mettre dans la tête d’aller vous y rejoindre pour voir la figure de votre tante et savoir si par aventure elle a de l’argent. Paget est un excellent garçon, mais on ne sait jamais sur quoi compter avec des hommes de sa trempe. Vous feriez mieux de le dérouter complètement. Placez votre tante dans le comté de Surrey… Dites Dorking.

— Mais s’il a besoin de m’écrire ?

— Dites-lui d’adresser ses lettres, poste restante, à Dorking. Expliquez-lui que votre tante est très-curieuse et pourrait vouloir mettre le nez dans votre correspondance.

— Mais il pourrait vouloir me suivre à Dorking aussi bien qu’à Ullerton.