Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
271
LES OISEAUX DE PROIE

« La sacristie a, s’il est possible, un cachet plus mystique encore que toutes les sacristies en général ; mais, un esprit occupé d’affaires dédaigne les considérations d’un ordre surnaturel. Pour un moment cependant tous les contes de Noël que j’avais lus ou entendus raconter sur les sacristies, affluèrent à mon cerveau. Le mariage du fantôme, à la suite duquel la belle main blanche de la fiancée se transforme en une main de squelette au moment où elle signe le registre. Le baptême surnaturel où, après la cérémonie, le parrain et la marraine, la nourrice et l’enfant, le prêtre et le sacristain brusquement se raidissent, pâlissent, n’ont plus de souffle, se changent en autant de cadavres.

« En un moment, le souvenir de cent contes de Noël vint m’accabler, tant était froide, mystérieuse et pesante l’atmosphère de la sacristie de Spotswold. Mais enfin, lorsque ces ombres se furent évanouies, je redevins un clerc d’avocat, et je me mis résolûment à fouiller les registres et à interroger mon ancien.

« Je trouvai dans cet individu une créature tellement obtuse, qu’en comparaison de lui mon vieil habitant d’Ullerton eût semblé un Pitt ou un Chatham ; mais je le questionnai et le requestionnai jusqu’à ce que j’eusse presque mis ma pauvre cervelle à l’envers et fus parvenu à apprendre de lui, premièrement qu’il n’avait jamais connu personne du nom de Haygarth, dans tout le cours de ses soixante-quinze ans de végétation, que, par politesse, je voulus bien qualifier d’existence ; secondement, qu’il n’avait jamais entendu personne parler des Haygarth ; troisièmement, qu’il connaissait intimement tous les habitants du village et était convaincu qu’aucun d’eux ne pourrait me donner l’ombre d’un renseignement à leur sujet.