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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/66

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LES OISEAUX DE PROIE

Songez donc, monsieur, vous êtes son ami, vous avez autrefois fait la cour à Mme Georgy, et il n’a pas d’autre médecin que vous ! Qui sait ?… monsieur, les mauvaises gens pourraient se mettre en tête qu’il n’a peut-être pas été soigné… comme il le fallait !

— Parce que j’étais son ami ? Voilà qui est très-logique. Eh bien ! madame Woolper, je vais vous dire la vérité, moi ! Si toute autre personne que celle qui m’a nourri, enfant, avait osé me parler comme vous venez de le faire, je l’aurais immédiatement jetée à la porte. Tenez-vous pour avertie, Nancy, et ne vous avisez pas une seconde fois de prétendre m’indiquer ce que j’ai à faire à l’égard de mon ami ou de mon malade. »

Il lui tendit sa tasse et il sortit. Il s’était exprimé sans colère, mais simplement, avec l’accent d’un homme qui croit devoir réprimander une vieille et fidèle servante, qui s’est permis une sottise ou une impertinence. Nancy resta sur la porte le regardant s’éloigner, puis elle reprit avec une lenteur machinale ses occupations quotidiennes, en se disant à elle-même :

« Cela ne peut pas être… non, cela ne peut pas être. »

Philippe revint, moins d’une heure après, amenant avec lui un médecin du voisinage. Celui-ci vit le malade, discuta le traitement à suivre, dit à Mme Halliday quelques paroles d’espérance, et se retira en disant qu’il allait envoyer une potion. La pauvre Georgy, dont le courage s’était un peu relevé, en entendant les paroles rassurantes du docteur étranger, le perdit de nouveau lorsqu’elle vit qu’il se bornait à ordonner une potion. Son mari en avait déjà tant pris de ces potions ! Cela ne l’avait pas empêché, hélas ! d’aller plus mal de jour en jour.